• Une vie spirituelle profonde : deuxième partie

    RELIGIEUSES ET RELIGIEUX DISPERSÉS 23 novembre 1962 

    -          « Viens, ma petite, recueillons les grains de blé éparpillées ! »

    Tout d’abord, je ne compris pas ce que désirait de moi l’aimable Sauveur. J’espérais en silence qu’Il me fasse comprendre le sens de ses paroles.

    Lui, de sa voix suppliante dit :

    -          «Excuse-Moi si J’étale maintenant devant toi la peine bien connue de mon Cœur. Tu sais, ces âmes qui Me sont consacrées et qui sont tombées dans la bonne terre produisirent du fruit en abondance, et maintenant elles sont dispersées, elles n’ont pas de plus grand rêve que de se convertir en pâture pour le bétail. Elles ne se laissent pas cueillir ni ne se laissent moudre, mais, sans cela, jamais elles ne seront des créatures utiles. Oh, comme le Cœur me fait mal à cause de ces grains de blé dispersés !

    -          Ma petite, sens cette douleur d’où jaillissent mes lamentations. Que notre intérieur ressente la même chose ! »

    [Explication : Par grains de blé dispersés, le Seigneur Jésus signifiait les religieuses et religieux dispersés, qui ayant produit un bon fruit abondant, vivent maintenant dispersés, et nombre d’entre eux ne se laissent plus guider par la grâce divine pour mener une vie de victime et d’apôtre].

    PAROLES SCEPTIQUES DU PRÊTRE 29 novembre 1962 

    Aujourd’hui, je suis allée me confesser au Père D, celui à qui j’avais remis les communications de la Sainte Vierge. Il me parla de différents sujets avant de passer aux communications de la Sainte Vierge, parce qu’il n’en avait lu que quelques lignes. Ça fait une semaine que je les lui ai remises. J’écoutais affligée. Tu vois, ma bonne et Sainte Vierge, que puis-je faire ? Rien ! C’est Toi qui agis par mon intermédiaire. Ça ne dépend pas de moi si jusqu’à maintenant rien ne s’est passé ... Le Père D parla de tout, sauf de la Flamme d’Amour de la Sainte Vierge. Il parlait du fait que l’âme a diverses illuminations qui ne viennent pas nécessairement de Dieu. Ça me dérangeait beaucoup d’entendre ces propos, j’aurais préféré demander la parole ... mais je ne l’ai pas fait.

    Exerçant la patience, l’humilité et le contrôle de la langue, j’écoutais ses rabaissements suivants : il examinait l’admirable Providence qui m’aide à éduquer seule mes six enfants. Il ajouta que ce que je dis est la vérité. À ses paroles sceptiques, je me contentais de lui dire :

    -          « Dieu voit mon âme ! »

     Sa méfiance envers moi me fit très mal. Je pensais : c’est Dieu qui travaille par moi; moi je ne suis rien. À Lui la Gloire ! Je me sentis heureuse de pouvoir déposer aux pieds du Seigneur Jésus ces humiliations. La Sainte Vierge m’avait assurée que c’est seulement par les humiliations que je deviendrais apte à transmettre sa Flamme d’Amour. À une autre occasion, le Seigneur Jésus me demanda aimablement :

    -          « Ne sois pas impatiente ! Avec les autres, tu sais être indulgente et patiente, envers toi-même tu es impatiente. Tu as des obligations envers toi aussi. Tourne-toi vers Moi ! Reçois ma clarté et passe-la à tes proches. Mène une vie cachée ! Regarde la violette des bois. N’est-elle pas touchante ? C’est à peine si elle se montre un petit peu sur la surface de la terre, et comme elle est recherchée pour son parfum ! Cette petite fleur aussi a reçu de Moi son parfum. Que ta vie aussi soit discrète et répande sa bonne odeur. Qu’elle dégage son parfum, et les mauvais suivront derrière elle. Toi, dégage tant de bon gré, et Je te récompenserais par mes grâces afin que tu continues à exhaler ma bonne odeur. Je t’en prie, aime ton prochain. Quand tu entends quelqu’un prononcer mon Nom en soupirant, que ça résonne sans cesse à tes oreilles, et l’âme qui a soupiré ainsi, aide-la à se rapprocher de Moi ! »

     Vendredi. Ce jour est toujours la journée des souffrances et de l’acceptation plus généreuse des sacrifices. Encore une fois, je parvins, en me traînant de fatigue, aux pieds du Seigneur.

    Durant les trois heures saintes que je voulais passer submergée en ses souffrances, je récupérais toutes mes forces et tâchais de disposer mon âme à la prière. Le doux Sauveur eut pitié de ma faiblesse, et dans la solitude de son âme, il m’adressa des mots aimables :

    -          « Regarde par où je chemine ! Abandonné, dans les villes et dans les villages, peu importe où tu regardes, tu M’aperçois Moí mal vêtu; dans tout mon Être sublime se répand ma tristesse, mon échec. »

    Ses paroles ébranlèrent tellement mon cœur que je sanglotais abondamment. Lui continua :

    -          « Tu vois, comme Je marche à la recherche des âmes ! Et elles ne veulent pas M’apercevoir. Elles Me regardent un moment, ensuite, à voir mon triste regard, rapidement elles détournent la tête. Il y en a qui Me disent : nous avons pitié de Toi, mais ce sera pour un autre jour. La grande majorité ne s’en rend même pas compte. (Et Il s’exclama brisé de douleur, en mon cœur) : O indifférence sans limites ! Mon Cœur se tient ici avec toi, ma petite. Repose-toi un peu. Je sais que tu Me comprends, et que tu tentes de toutes tes forces de M’être agréable. Je t’en prie, reste avec Moi. Oh, cet abandon, être méprisé ! Soulage mes souffrances par ta présence assidue ! »

    -          «  Tu vois, mon adorable Jésus, que je suis fragile. Mon âme te désire avec ardeur, mais la fatigue du corps m’oblige à prendre congé de Toi. »

    Je regardais ma montre, les trois heures d’adoration allaient se terminer. Le Seigneur Jésus me dit :

    -          « Je te prends par la main. Je vais avec toi. Que nos pieds marchent ensemble ! »

    Et nous n’avons pas interrompu la conversation. Lui continuait à se plaindre de l’abandon de son âme et de nouveau Il me demanda en suppliant: JC.- "Ne Me laisse pas seul, ma petite! Maintenant Je t’enchaîne davantage, plus étroitement encore au Moyen de mes souffrances

    OFFREZ VOS TRAVAUX À LA GLOIRE DE DIEU!

    CETTE OFFRANDE AIDE À AVEUGLER SATAN

    30 novembre 1962 

    Aujourd’hui, au moment où je commençais à sonner la cloche à six heures du matin, la Sainte Vierge me parla aimablement :

    -          « Tout le long de la journée aussi, offrez vos travaux pour la gloire de Dieu ! Cette offrande aussi, faite en état de grâce, aide à aveugler Satan. Vivez en conformité avec mes grâces, afin que Satan soit aveuglé toujours davantage et dans un rayon d’action toujours plus grand. Les abondantes grâces que je vous offre, si vous les utilisez bien, apporteront avec elles l’amélioration d’une multitude d’âmes. »

    NOUVELLES ÉPREUVES POUR FAIRE CONNAÎTRE LA FLAMME D’AMOUR

    1er décembre 1962 

    -          « Je vois, ma petite, que tu as de grandes craintes. Tu crains le long chemin et quelles nouvelles épreuves te coûtera l’expansion de ma Flamme d’Amour. Que ta conduite soit très humble, vaillante et décidée. Je t’accompagne. Tu es en possession de l’Esprit d’Amour. Sa force t’accompagne et illumine les âmes vers qui tu dois aller. »

    La Sainte Vierge me dit aussi avec quelle disposition recevront sa Flamme d’Amour ceux à qui je dois aller. Et elle continua avec ces mots qui me donnaient du courage :

    -          « Il te faut avancer, en acceptant de la manière la plus généreuse les nombreuses et douloureuses incompréhensions et humiliations. Celui vers lequel je t’envoie, il est lui-même souffrant. Lui aussi est tourmenté par la douleur et le doute, plus que toi encore. Tu vois, ma petite, pourquoi il te faut tant souffrir, prier et jeûner, et ceux-là aussi auxquels je t’envoie. Afin que d’une manière ou l’autre vous puissiez gagner des mérites pour faire connaître ma Flamme d’Amour, qui se met en marche avec beaucoup de difficultés.

    -          Ce n’est pas sans intention que je la fais parvenir précisément à des âmes aux prises avec des doutes. Je fais cela pour qu’elles expérimentent l’action de ma Flamme d’Amour et qu’ainsi elles croient et aient confiance en Moi. »

    Après avoir écouté ces bonnes paroles de la Sainte Vierge, j’en restais émerveillée. Après les souffrances et les tentations du jour précédent, le Seigneur Jésus me dit :

    -          « Souffre avec Moi ! J’augmenterais les souffrances de ton âme et te priverais de ma Parole ». 

    Toujours quand j’entends cela, je tressaille de tristesse, mais le Sauveur me consola par de douces paroles :

    -          « Je vais te laisser le sentiment de ma Présence. En ces grandes souffrances que Je vais répandre sur toi maintenant, la Flamme d’Amour de notre Mère va te donner des forces immensément grandes. C’est Elle-même qui M’oblige aussi à ne pas te retirer le sentiment de ma présence. Sois-lui-en reconnaissant à Elle aussi ! »

     La Sainte Vierge bavarda encore sur différents sujets. Elle m’instruisit comme on instruit une petite fille :

    -          « Dis-moi, pourquoi as-tu peur ? »

    D’y penser, chaque fois, ça me serrait le cœur.

    -          « Tu n’as aucune raison d’avoir peur. Même si nous avons préparé ton âme, il te faut sentir sans cesse que tu es un instrument entre nos Mains. Ne t’attribue rien à toi-même ! Avoir peur est inévitable, car c’est encore un réflexe de ta présomption. Crois-tu que tu serais capable de quelque chose ? Abandonne-toi donc, ma petite, pleinement. Reconnais ta nullité ! Nous te conduirons ». 

    J’APPORTAIS LES MESSAGES DE LA VIERGE À MONSEIGNEUR

    12 décembre 1962 

     Je remis dans le Sanctuaire Mariaremete (Refuge de Marie) les messages de la Sainte Vierge, à ce prêtre vers qui la Sainte Vierge m’avait guidée. Le même jour, nous avons voyagé vers Székesfehervar (Hongrie). Notre train partit à deux heures de l’après-midi. J’apportais les messages de la Sainte Vierge à Monseigneur. À notre arrivée, l’obscurité de la nuit enveloppait déjà la ville couverte de neige. Je méditais sur les paroles de la Sainte Vierge : "Il nous faut chercher un refuge pour ma Flamme d’Amour". Mon âme se remplit de dévotion. Alors, serait-ce le lieu où la Flamme d’Amour de la Sainte Vierge sera accueillie ? Mais la Sainte Vierge se contenta de dire seulement ceci : "Partons !" Je voyageais avec la Sœur qui m’avait été désignée comme accompagnatrice. À la descente du train, notre premier chemin nous mena au tombeau du jeune jésuite, Esteban Kaszap. Après m’être recommandée à son intercession, nous entrons à l’église pour visiter aussi le tombeau du saint évêque Ottokar Prohászka.

    Là, je priais longuement, en méditant ses propres paroles:  "Que désires-Tu, grand Seigneur, de moi qui comptes sur Toi et ne vis que pour Toi et en Toi ?" D’être agenouillée aux pieds de son tombeau, je me sentis très émue. C’est avec difficulté que je repartis de là. J’avais beaucoup, beaucoup à lui dire : les nombreuses demandes qui sont la cause commune des âmes. Aidez-moi, saint Monseigneur Ottokar, et bénissez-moi ! La Sainte Vierge arrangea les choses de manière que tout serve au bien de la cause. Cette même nuit, je pus assister à la sainte messe que célébra Monseigneur. Notre logement pour la nuit fut meilleur que prévu. Le jour suivant, à la messe de l’aurore, la Sainte Vierge attira mon attention :

    -          « Regarde les deux petits enfants qui sont assis devant toi ! »

    Je levais les yeux et, effectivement, deux enfants maigrichons étaient assis là. Comme c’était la Sainte Vierge qui attirait mon attention sur eux, je les regardais attentivement. Ils étaient étonnamment bien éduqués, leurs vêtements étaient pauvres mais arrangés avec soin. La Sainte Vierge continuait à me parler :

    -          « Sur ces deux petits enfants, ma petite, je répands la grâce de ma Flamme d’Amour. C’est là mon cadeau pour tes ardents désirs. Garde les yeux posés sur ces deux petits, surtout prie beaucoup pour eux. Ils sont les favorisés, d’une manière spéciale, de ma Flamme d’Amour. Aide-les aussi économiquement ! »

    Quand la Sainte Vierge me fit sentir qu’Elle, par mon intermédiaire, répandait la Flamme d’Amour de son Cœur sur ces petits enfants, je me mis à sangloter. O ma Mère, que tu es bonne ! Durant toute la sainte messe, je continuais à sangloter. Comme sont nombreuses les grâces qu’Elle répand sur nous ! Après la sainte messe, je continuais à regarder les enfants. Quand ils sortirent de l’église, je me mis à les suivre pour me renseigner sur leurs noms et leur adresse. Je notais aussi qu’ils sont des enfants d’une famille nombreuse

    Environ dix minutes avant dix heures de l’avant-midi, on nous conduisit au palais épiscopal. Nous n’avons pas passé par l’entrée ordinaire, mais nous nous sommes d’abord rendus à la cuisine. Nous y avons rencontré une sœur occupée à boulanger la pâte. Interrompant son travail, elle nous fit signe de la suivre. Notre chemin nous mena par un corridor obscur qui passait par le sous-sol jusqu’à monter enfin à la salle d’attente de l’évêché. Après une brève attente, on nous conduisit auprès du secrétaire de Monseigneur. Il nous mena à la Chapelle. Là tout de suite je me plongeais en une fervente prière : « Nous y voici enfin, mon Jésus adoré ! » Après de brèves minutes, je remarquais quelqu’un qui entra et commença à réciter à voix haute le « Veni Creator Spiritus. Je ne regardais pas tout de suite de ce côté, mais comme la prière se prolongeait, je regardais et je vis que c’était Monseigneur. Je me levais tandis qu’il replaça le prie Dieu. Je m‘agenouillais devant lui pour faire ma confession comme convenu. Celle-ci dura un long moment. J’admirais sa sainte paix et la maîtrise de soi qu’il manifesta durant toute la rencontre. Il ne m’interrompit pas une seule fois. Quand je terminais, il attendit encore quelques moments, puis il me demanda si je voulais ajouter quelque chose de plus. «Non », lui dis-je. Lui répondit à tout, point par point. J’admirais son extraordinaire agilité mentale avec laquelle il répondait à mes questions. Après m’avoir donner l’absolution, encore une fois, longuement il me bénit. Ses paroles pacifiaient mon âme et dissipaient mes doutes atroces et cruels. A ce moment-là, je me prosternais pour remercier le Seigneur. Entre-temps, Monseigneur aussi récita quelques brèves invocations. Quand je m’arrêtais, il s’approcha de moi et doucement d’une main paternelle, il me traça une croix sur le front. Cela, je ne m’y attendais pas. D’un mouvement brusque, je baisais la main qui me bénissait. Cela m’émut tellement. Une fois qu’il fut sorti, je restais encore là et méditais sur la façon de faire connaître les messages de la Sainte Vierge. Elle, avec bonté et douceur, m’adressa ces mots :

    -          « Ce soulagement extraordinaire, que tu ressens maintenant est mon cadeau. Maintenant allons nous reposer un peu afin que tu ais la force de continuer la lutte qui t’attend ».

    Et en disant ces paroles, avec toute la bonté de son amour maternel elle me caressait l’âme. Moi, en me reposant spirituellement, je pensais à la bénédiction spéciale de Monseigneur, parce que par elle, la paix du Seigneur inondait mon âme plus merveilleusement que jamais je ne l’avais sentie après aucune bénédiction. En m’en rappelant, même après plusieurs jours, une bienheureuse tranquillité inondait mon cœur.

    LA GRÂCE DE L’ABANDON EN DIEU 15 décembre 1962 

    Aujourd’hui, je me suis réveillée avec cette bénédiction qui eut un effet étonnant, pacifiant sur moi. Mon cœur battait réellement d’allégresse. Je pensais à la Flamme d’Amour de la Sainte Vierge. En allant à la sainte messe, Elle me dit :

    -          « Calme-toi, ma petite. Marchons ensemble ... Moi aussi je me fatiguais comme toi, mais maintenant nous allons prendre un bon repos ».

    Pendant que nous conversions ainsi, je m’occupais de sonner les cloches. Par la suite, je me prosternais devant le Seigneur Jésus : Mon adorable Jésus, comme j’ai des choses à te dire ! Alors je me mis à Lui raconter ce qui me pacifia autant. Je Le remerciais de ses grâces abondantes, et puis je L’adorais en restant muette et en silence ... Lui, suavement, me dit :

    -          « Il nous faut nous préparer pour de grandes souffrances, mais Je ne te laisserais pas seule. Si c’est nécessaire, Je ferais un miracle. Tes souffrances seront extrêmement grandes. Arrive maintenant la persécution par laquelle Hérode voulut Me faire mourir alors que J’étais encore un petit enfant. Mais, tout comme Moi et ma Mère nous nous abandonnions au Père Céleste, toi aussi, de la même manière, abandonne-toi à Nous ! »

     Entre-temps Il m’inonda d’une nouvelle et admirable grâce. Je ne peux, en aucune façon, exprimer par des mots la grâce qu’Il répandit sur moi tandis qu’Il me disait :

    -          « Ce que Je te donne maintenant, c’est la grande grâce du complet abandon à Moi. Elle dominera pleinement ton être durant toute ta vie et s’irradiera sur les autres aussi à partir de ton âme ».  

    C’est un sentiment admirable, incomparable et sublime, celui de la grâce de l’abandon en Dieu. Je n’aurais pu la supporter s’Il ne m’avait donné une grâce spéciale pour la supporter. Et, entre-temps, le Seigneur Jésus continuait à parler :

    -          « N’est-ce pas que tu t’es émue en recevant la bénédiction de l’évêque ? J’étais là quand il traça la Croix sur ton front. Je le permis pour deux raisons : pour te donner une récompense pour tes nombreuses souffrances, et pour que l’évêque ressente aussi ma Divine Volonté concernant ta personne ».

    LE PRÊTRE N’A PAS COMPRIS LA FLAMME D’AMOUR

    16 décembre 1962 

    J’allais au Sanctuaire Mariaremete (Refuge de Marie) auprès du Père à qui une semaine auparavant j’avais remis les messages de la Sainte Vierge. J’avais à peine dit quelques paroles qu’il me reconnut. Il m’adressa quelques questions ... Auparavant, je lui mentionnais que j’étais allée chez Monseigneur, que je lui avais remis les messages de la Sainte Vierge et lui répétais aussi en quelques mots ce que répondit monseigneur

    Moi aussi, j’aurais dit la même chose- me répondit-il. Après, il commença à parler des messages de la Sainte Vierge. Il dit qu’il les avait lus deux fois mais qu’il ne les comprenait pas. Je restais assez étonnée, et j’aurais voulu prononcer des paroles éloquentes sur la Flamme d’Amour de la Sainte Vierge, mais c’est en vain que je m’efforçais. Aucune pensée ne vint à mon esprit, ni aucune parole à mes lèvres. Je demeurais pensive. Comment peut-il se faire qu’il ne comprenne pas cela ? Entre autres choses, il me dit que les jours des premiers vendredis et des premiers samedis sont aussi jours de réparation. Il me semblait qu’il tenait pour superflues ces journées de grâce intercalées. Quand je sortis du confessionnal, la pensée qu’il ne comprenait pas me faisait plus mal encore. Je suppliais la Sainte Vierge : "À qui m’as-tu envoyée, ma Mère, il ne comprend pas ta Flamme d’Amour". Je demandais à l’Esprit Saint de l’éclairer et que la Flamme d’Amour de la Sainte Vierge pénètre en lui aussi comme elle pénétra en moi. Durant ma méditation, des tourments spirituels terribles commencèrent à me torturer. Quand je sortis de l’église et en chemin, ma douleur alla en augmentant. Le malin suscita de nouveaux doutes en mon âme :

    -          « Tu vois, ça ne m’étonne pas qu’il ne comprenne pas tes pensées confuses. C’est un prêtre très intelligent et, pourtant, il ne réussit pas à trouver un sens à tes histoires embrouillées. Et toi, tu t’enorgueillis d’avoir à souffrir encore à cause de ça ? Tu sais, seule une personne dérangée peut croire ça. Pourquoi tu continues d’essayer de faire comprendre ça ?... » 

    De toutes mes forces, je tâchais d’ordonner mes pensées. Les souffrances me causaient des tourments si terribles qu’en chemin j’aurais voulu faire savoir à ceux qui venaient vers moi de quelle terrible manière je souffrais. Sur ce, mes pensées aussi s’embrouillaient. Je me rappelais aussi de nouveau comment je ne pus parler au sujet de la Flamme d’Amour de la Sainte Vierge. Alors, j’en arrivais moi-même à penser que je ne comprenais plus rien du tout.

    En arrivant à la maison, j’essayais de dissimuler la grande souffrance de mon âme, en chantant des chansons joyeuses, pour que mes enfants ne s’aperçoivent pas de mon abattement provoqué par mes souffrances. Quelle terrible torture spirituelle ! Qui pourrait m’en libérer ? Cependant, personne ne me comprend. C’est en vain que je raconterais ça à quelqu’un ...

    TU ES UN INSTRUMENT ENTRE NOS MAINS 17 décembre 1962 

    Les paroles de la Sainte Vierge pénétrèrent en mon âme avec une bonté lumineuse :

    -          « Pourquoi t’es-tu forcée, ma petite ? Pourquoi voulais-tu parler éloquemment en faveur de ma Flamme d’Amour ? Garde devant les yeux ce à quoi tu es destinée, c’est-à-dire la souffrance, et rappelle-toi des paroles de mon Divin Fils qui t’a dit : Dédie-toi à la souffrance, et sacrifie-toi sans repos ! Tes souffrances ne sont pas vaines, mais ce n’est pas à toi à te demander qui comprend ma Flamme d’Amour. Toi, petit instrument, ne te surprends pas que tu n’ais pu parler avec éloquence. Celle qui agit, C’est Moi. C’est Moi qui allume la Flamme d’Amour au fond des cœurs. C’est Moi qui ai retenu tes paroles et qui ai obscurci ta pensée. Je n’ai pas voulu que la présomption fasse son nid en ton âme. Ça aurait été une faute grave. Toi, petit instrument, montre-toi donc raisonnable, et sois tout à fait humble. Tu es un instrument entre nos mains. Nous prenons soin de toi et ne permettons pas que le péché s’approche de toi. Dans les tentations, fais attention, car le malin profite de chaque occasion pour ébranler ton humilité. »

    LE DIABLE M’A FRAPPÉE ... 18 décembre 1962 

     J’ai passé à mon nouveau domicile qui, pour faire réparation pour les péchés, ne consiste qu’en une petite pièce de 2 x 2 mètres. Elle est construite au fond du jardin. Aujourd’hui, c’était le premier jour que j’y dormais. J’avais beau être fatiguée, le sommeil ne me ferma pas les yeux. Minuit arriva et je ne pouvais encore trouver le sommeil. J’en étais à penser : si je n’arrive pas à m’endormir maintenant, alors quand arrivera l’heure de la vigile, je ne pourrai pas me réveiller. Ainsi éveillée, je pensais à la Flamme d’Amour de la Sainte Vierge, parce qu’une des heures de ma veillée d’adoration nocturne, je l’offre pour que s’allume la Flamme d’Amour de la Sainte Vierge, quand soudainement je sentis un coup au corps. Au premier suivit un second, ensuite un troisième. Finalement, un coup plus petit. J’eus une nuit terrible; la peur, je n’en éprouvais quasiment pas. Après les coups, la fatigue et la douleur s’emparèrent de moi, et je me retrouvais vaincue par le sommeil. Je me réveillais après deux heures du matin, mais je ne pus veiller même pas une heure. Je me sentis comme quelqu’un qu’on aurait rossé à coups de bâtons. C’est le diable qui m’avait frappé, je le savais. J’ai senti sa présence. Seulement mon attention avait été attirée sur le fait que le quatrième coup ne m’avait pas fait aussi mal que les précédents. J’ai senti comme si deux mains l’avaient retenu. Après avoir veillé presque trois quarts d’heure, je me recouchais. Je m’endormis profondément, comme ça ne m’arrive pas souvent. Je me réveillais avant sept heures. J’étais chargée de sonner les cloches à notre église parce que la sœur sacristaine se trouvait malade. On peut imaginer ma déception. Car quand j’arrivais à l’église, la messe hâtive de l’avent (Rorate) était déjà terminée. Attristée, je me plaignis à la Sainte Vierge que le diable m’avait frappée et que je n’avais pu me lever. C’est étonnant ce que je vais écrire maintenant. La Sainte Vierge me dit :

    -          « Nous aussi, nous étions là, mon Divin Fils et Moi ! Nous lui avons permis de te frapper, mais Je l’ai vite arrêté. Ça suffit comme ça ! »

     La Sainte Vierge ne me parla plus de ça. J’avais très honte de ça. Même après plusieurs jours la rougeur me couvrait le visage. Durant le jour, le malin riait d’un air moqueur :

    -          « Écoute, écoute, j’ai voulu t’ouvrir les yeux pour te faire sortir de tes folies. Ça suffit là de tant jeûner et de tant veiller ! Arrête donc ça ! Ça n’a pas de sens une niaiserie pareille ! »

    La Sainte Vierge l’interrompit et me promit de ne plus permettre au malin de me frapper, mais cette fois c’était nécessaire. La Sainte Vierge continua à me parler :

    -          «Fais des sacrifices, ma petite, et submerge-toi dans le profond anéantissement de l’humilité. Tu es mon petit instrument bien-aimé, et ta persévérance à atteindre une grande humilité Me remplit de satisfaction. C’est la grâce de l’effusion de ma Flamme d’Amour qui te donne une telle constance en ta persévérance ».

    Les paroles de la Sainte Vierge m’ont stimulée très fortement pendant longtemps.

    DE NOUVEAU LE PRÊTRE NE COMPREND PAS 

    Comme le Père X était malade depuis longtemps, je retournais me confesser au Père D. Il en fut bien surpris et s’en réjouit aussi : Pourquoi vous n’êtes pas venue ? – demanda-t-il. Il m’attendait bien sûr. Je lui racontais que dans l’intervalle, j’étais allée chez le Père X, mais que ce Père m’avait éconduite ... À cause de l’état spirituel extraordinaire que je vis, je ne peux absolument pas me confesser sans faire état de ces choses ; c’est pourquoi je lui ai dit que, c’est en suivant le conseil de la sœur sous les soins de laquelle on m’a mise, et non pas de ma propre volonté, que je suis revenue à lui.

    Quand je commença à parler sur la Sainte Cause, le Père D avait déjà oublié beaucoup de choses ... Après, il m’ordonna d’être patiente : "La Cause de Dieu exige du temps pour se faire valoir". Des écrits qu’il avait reçus de moi antérieurement, il avait pu constater que le Seigneur m’a en grande prédilection. Pour cet amour supérieur à l’ordinaire dont Il me comble, je dois lui être très reconnaissante ... Ensuite il affirma qu’il ne comprend pas ces choses. – Ça ne me surprend pas - que je lui ai répondu. Je lui racontais ce qui est arrivé quand, au Sanctuaire de la Sainte Vierge, je me suis confessée à un Père tout à fait inconnu pour moi, et suivant ses instructions il m’a fallu lui remettre les messages. Ce prêtre aussi a dû les lire deux fois, et lui aussi admettait qu’il ne comprenait pas ces choses-là. Moi, pourtant, je les comprends. Bien sûr, je prie fréquemment avec les paroles mêmes de la Sainte Vierge, et je demande à l’Esprit Saint d’allumer sa lumière en ceux à qui est déjà parvenue la nouvelle. Le Père D me répondit que, à son avis je forçais beaucoup les choses. De ne pas faire ça, car il appartient à Dieu que cela se réalise. Je lui ai dit que je le vois très bien mais que cela ne dépend pas de moi. J’ai une motion intérieure très forte pour pousser la Cause. Que je pousse et exerce des pressions, le Père X l’a remarqué aussi, et il m’a dit d’être patiente, parce que la volonté de Dieu de toutes façons se clarifiera. Cette violence agite terriblement mon corps et mon âme. Je ne serais pas capable de le faire par ma propre force, parce que ça signifie pour moi une humiliation si grande que, si ça ne dépendait que de moi, je n’ouvrirais même pas la bouche pour dire un mot. La voix qui me pousse à parler est l’encouragement de la Sainte Vierge, une voix qui se fait entendre de façon quasi ininterrompue en mon âme. Je ne peux pas résister aux encouragements de la Sainte Vierge. Le Père D me dit alors de rester tranquille et de garder mon cœur dans la paix du Seigneur. Ensuite une grande discussion s’ensuivit, mais je n’ai pas pu me taire.

    Je sentis que cette éloquence n’a pas jailli de mes forces naturelles. À la fin, il me dit qu’il allait soumettre cette affaire à un autre révérend Père pour qu’il le lise. De lui faire confiance parce que ce Père est d’une vie spirituelle très profonde.

    TENTATIONS DU MALIN. DE GRANDES GRÂCES PRÉPARENT À DE GRANDES SOUFFRANCES

    27 décembre 1962 

    Au matin, agenouillée devant le Tabernacle et au milieu de tourments qui affligeaient mon âme, en pleurant et sanglotant, je criais au Seigneur :

    -          « Où es-tu, mon adorable Jésus ? Pourquoi me faut-il vivre sans Toi ?... Donne-moi la grâce de me convertir !... De toute ma vie, je n’ai autant pleuré que ces derniers temps. Toi, o ma Mère du Ciel, où es-tu ? Quand je pense à ta Flamme d’Amour, la honte me brûle quasiment le visage. Pourquoi est-ce ainsi ?... Il aurait mieux valu que je ne sois pas née, comme on dit de Judas ... Reprends tes sens, enfin ! »

    Maintenant la voix commença à pousser des hurlements, excitée par une fureur terrible. Alors j’ai compris instantanément que le malin s’emportait dans le but de me forcer à reconnaître que c’est lui qui a raison. Ensuite, pour un moment, il me survint un doux sentiment : Serait-ce là la volonté de Dieu ? Mais le moment suivant, le tourment déprimant que j’avais menti pesa avec une plus grande force encore sur moi : On n’échappe pas à la damnation ! Ça me donne le vertige de penser que je préfère me damner plutôt que de reconnaître et rétracter mes mensonges, dont j’avais crû auparavant que c’étaient des voix célestes qui me parlaient. Et à cause d’elles je vais me damner. O tout petit Jésus de Noël, je ne suis pas une des âmes que Tu as sauvées. Celui qui ment au nom de ma Mère, sera condamné. Maintenant, en ce sommet de tourments spirituels, je ne trouve plus de mots. 

    -          « Après cela, ma chère et bonne petite sœur, je ne sais comment vous allez m’adresser encore la parole. Ce que vous pensez de moi, je me l’imagine. Peut-être que, par délicatesse, vous n’allez pas me mépriser comme le fit le Père X. Qu’il soit dit pour ma défense que je reconnais mes mensonges trompeurs. Mais, malheureusement, ça n’apporte pas de soulagement à mon âme ... Je vous en prie encore et encore, aidez-moi, priez pour moi et, si c’est possible, venez me voir ».

    30 décembre 1962 

    Les tourments des tentations se dissipaient lentement en mon âme. Un jour, j’étais à réparer le tapis de notre église paroissiale qui était froide, sans chauffage. Mes mains s’engourdissaient à cause du froid, et je pouvais à peine tenir l’aiguille. Je pensais : aussitôt terminé, j’irais à la maison pour me réchauffer. Ce travail de réparation du tapis, je le fis devant l’autel, en présence de Jésus consacré. Alors, de façon inattendue, la présence du Seigneur inonda mon âme, et il commença à parler en mon âme :

    -          « Pourquoi es-tu si pressée de Me quitter ? N’est-ce pas bon d’être ici près de Moi ? Reste encore avec Moi ! Personne ne vient à Moi pour converser ! »

    Quand j’eus achevé mon travail, je me prosternais devant Lui. En silence, je l’écoutais.

    -          « Vraiment, ces grandes et violentes souffrances t’ont épuisée ? Pourquoi as-tu été surprise ? Ne t’ai-je pas préparée à cela ? Les grâces que Je t’avais données auparavant t’ont donné la force pour les grandes souffrances, et maintenant, à cause de ces grandes souffrances supportées, Je t’inonde d’une plus grande abondance de grâces encore. Ces grandes souffrances, Je dois les multiplier et les intensifier toujours plus dans ton âme. Mais, Je te fortifie par la grâce du parfait abandon en Moi, pour que tous les deux nous réussissions ».

    -          La fureur de Satan est sauvage. Je permets qu’il se déchaîne sur toi pour qu‘il voit comme est grande la puissance de ma Grâce dans l’âme qui s’abandonne à Moi. »

    Après cela je restais encore un long moment près de Lui. « Seigneur, il est bon pour moi d’être ici ! Mon âme s’est libérée entièrement de la terrible influence perturbatrice de l’esprit malin. Les nouvelles souffrances ne m’ont pas assaillie encore, je ne sais sous quelle forme elles vont me surprendre. » Le doux Sauveur déjà dans le passé m’avait dit que mon mérite va être de souffrir ... À ce sujet alors, j’ignorais encore avec quelle cruauté satan peut tourmenter. Maintenant, tandis que mon âme repose dans la paix du Seigneur, me sont revenues à la mémoire les paroles dites par la sœur en revenant de chez le Père X :

    -          « Pour ce rejet, vous devez chanter un Te Deum, comme le fit votre sainte patronne, sainte Élisabeth... »

    Le Seigneur Jésus me demanda d’avoir en grande estime la grâce de l’abandon en Lui ... Il me la concéda à la prière de la Sainte Vierge, qui invoqua de nouveau sa Flamme d’Amour, et cela L’oblige... 

    SOURCE : LES EDITIONS DU PARVIS

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